Agriculture : l’urine humaine s’avère être un engrais à effet très remarquable et un fertilisant à action rapide
Dans le cadre du projet Développement de marchés ruraux pour les populations vulnérables au Nord-Kivu, les agriculteurs ont désormais des informations relatives aux techniques d’utilisation de l’urine humaine comme fertilisant organique pour la production végétale. Ainsi, une fiche technique est mise à leur disposition, laquelle présente brièvement l’importance, la composition, les conditions de la collecte, de stockage et d’application de cet engrais organique facile à trouver et à un prix abordable par tous. Ci-dessous, des informations exploitées dans cette fiche qui constitue notre principale source d’information.
En effet, les conditions pour la bonne croissance d’une plante comprennent la lumière, l’eau, un substrat et des nutriments. Ceux-ci sont des éléments importants dans le développement de la plante. Ils sont subdivisés en macroéléments et oligoéléments.
Les macroéléments sont les plus utilisés par la plante. Leur demande peut varier à 100 fois plus que celle des oligoéléments. Les oligoéléments sont aussi essentiels pour la croissance de la plante, à la différence qu’ils sont demandés en petite quantité par rapport aux macroéléments.
Six éléments chimiques principaux sont classifiés comme macroéléments : azote(N), phosphore (P), potassium (K), soufre (S), calcium (Ca) et le magnésium (Mg). Et, les éléments chimiques considérés comme oligoéléments sont : le fer, le chlorure, le manganèse, le molybdène et le zinc. Tous ces éléments chimiques (macroéléments et oligoéléments) sont puisés dans le sol par les racines sous forme ionique.
Toutefois, durant le cycle cultural, toute plante présente ses exigences en nutriments. Les excréments animal et humain ont vu un grand succès dans les champs ainsi que jardins. Mais bon nombre d’usagers ignorent encore qu’il y a plus de vitamines qui partent du corps via l’urine que par les excréments solides.
Selon des scientifiques, l’urine au champ présente des nombreux avantages, surtout pour les cultures ayants une demande considérable en azote, en plus c’est un accélérateur des compostes. Ses résultats son comparable à celle des certains engrais minéraux. C’est un engrais à effet très remarquable sur terrain.
L’urine est un fertilisant organique liquide à action très rapide, riche en azote. Elle contient aussi une moindre quantité du phosphore, du potassium, du soufre mais aussi des oligoéléments.
La composition de l’urine peut varier selon la composition alimentaire de chaque personne. Chaque litre peut contenir entre 3 et 7g d’azote, 1 à 1,5 g de phosphore, et 1g de potassium.
C’est un fertilisant qui donne les mêmes résultats que l’utilisation des engrais minéraux, et il peut les remplacer efficacement à coût très réduit.
Usage et effets de l’urine sur le champ
L’urine est constituée des macroéléments et ainsi qu’une partie d’oligoéléments. Son effet sur le champ a un impact comparatif à celle des engrais minéraux. Même dose en azote comme ce qui est recommandé pour les engrais d’urée et d’ammonium.
Certains praticiens vont jusqu’à prouver que 1,5 litres d’urine/m² et par saison correspond à environ l’application de 40 – 110 kg N/ha. L’urine doit être appliquée directement sur le sol et non sur les feuilles.
En culture à petit échelle, les arrosoirs en plastique conviennent mieux pour son épandage. À grande échelle, les épandeurs de lisier sont très bien appropriés.
L’urine doit être utilisée soit directement au champ soit après avoir été mélangé à l’eau, et cela, en cours de culture lors de la phase de croissance. L’arrosage peut se faire 2 à 3 fois, avec un espace de 2 semaines.
Lors de l’épandage, il est recommandé de prendre certaines précautions, notamment éviter d’éclabousser les plantes, mais aussi minimiser le contact à l’air afin d’éviter les pertes d’ammoniac. De cela, il faudra incorporer l’urine dans le sol le plus vite que possible. L’excès d’urines nuit aux vers de terre, indispensables pour la porosité du sol.
En culture légumière, l’urine s’est avérée plus efficace malgré leur exigence en azote. Des bons résultats ont été observés sur les choux pommés, épinards, laitues, poireaux…
Il sied de noter que, pour que l’urine ait un intérêt dans le jardin, le sol doit être de bonne qualité. C’est-à-dire que pour le bon fonctionnement de l’urine au champ, il faut respecter l’association de deux éléments : nourrir le sol avec du compost et la plante avec l’urine.
Certains pays ont prouvé l’efficacité d’utilisation d’urine comme fertilisant organique dans la production végétale. Au Burkina-Faso par exemple, l’urine à était testée sur l’aubergine. La récolte a été 6 fois plus grande que la parcelle non fertilisée et 2,5 fois plus sur la tomate.
En France, les résultats sur la pomme de terre donnent sur la parcelle non fertilisée 27kg tandis que la parcelle fertilisée 45kg. En RD Congo, la Caritas Goma trouve succès en fertilisant avec l’urine sur les cultures de haricot, pomme de terre, choux et carotte.
L’urine donc, contient les macros et oligo-nutriments, mais en proportions non recommandées pour toutes les cultures. Voilà pourquoi, pour certaines plantes, l’urine sera accompagnée d’autres éléments pour combler l’entièreté de besoin. C’est l’exemple de la pomme de terre qui est trop exigent en azote et surtout en potasse durant son cycle.
Quant aux précautions, il est recommandé généralement de faire une dilution (mélange avec l’eau) de 5 à 10 %. La dilution permet non seulement à diminuer la concentration pour éviter l’application excessive car l’excès est toxique aux cultures et au sol, mais aussi les odeurs pour une manipulation facile.
Dosage, stockage et mesures d’hygiène
L’urine collectée en grande quantité doit nécessairement avoir besoin du stockage. Le stockage doit se faire dans des récipients en plastique (bidons, fus et autres…), opaque et très bien fermer pour éviter la perte d’ammoniac. La conservation peut se faire même pendant 6 mois.
L’urine est stérile après hygiénisation pendant 30 à 45 jours. Il faut juste éviter sa contamination aérobie. L’urine peut contenir quelques agents pathogènes notamment les salmonella typhy, ces bactéries ne survivent pas au stockage.
C’est pourquoi, il est recommandé de stocker l’urine pendant 30 à 45 jours dans un récipient hermétiquement fermé pour l’hygiéniser avant l’usage afin de limiter les risques de contamination. Plus le stockage est long, plus le risque diminue.
Il n’est pas conseillé d’utiliser l’urine d’une personne sous traitement médicale, car celle-ci contiendra les résidus médicamenteux, au risque que ces derniers soient transmis aux plantes, puis aux consommateurs.
Les dernières précautions à prendre lors de l’utilisation de l’urine comme fertilisant organique, sont entre autres de : laver toujours les mains après manipulation ; arrêter la fertilisation 3 à 4 semaines avant la récolte ; très bien laver les légumes à l’eau avant la consommation.
La quantité d’urine produite par une personne adulte dépend de la quantité du liquide consommée et transpirée. Tandis que les enfants produisent environ la moitié de la quantité produite par les adultes.
L’estimation de la production journalière d’une personne est environs 100 à 800 millilitres. Pour une famille d’un minimum de 5 personnes, ne peut arriver à produire 2,5 litres d’urine par jour, car une grande partie du temps se passe ailleurs et pas toujours à la maison.
Pour que cette famille parvienne à fertiliser 1 hectare, il leur faudra plus des jours. Et donc, la famille seule est capable de supporter un petit jardin familial, pas une culture à grande échelle.
Quand il s’agira d’une grande demande les endroits publics seront plus ciblés pour couvrir le besoin (une école par exemple).