RDC : En plus de l’insécurité, le Nord-Kivu fait face à d’énormes défis dans le secteur agricole

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La région du Kivu est un très vaste territoire à l’Est de la République démocratique du Congo. C’est aussi une région de l’Afrique des Grands-Lacs qui partage des frontières avec plusieurs pays, notamment l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda. Ce qui est une opportunité pour le développement économique pour cette région de l’Est de la RDC, pourtant enclavée aujourd’hui à cause de la coupure du trafic routier entre les grandes agglomérations. La région étant devenue le théâtre de conflits meurtriers. Et le monde paysan en paie le prix, puisque, les petits producteurs agricoles sont les premières victimes des atrocités. Ils ont abandonnés leurs villages et leurs champs à cause de l’insécurité.

A cette situation d’insécurité, s’ajoutent plusieurs autres grands défis liés au développement du secteur de l’agriculture dans la province du Nord-Kivu. Dans une note de plaidoyer déposée au Gouvernement de la République au début du mois de mars dernier, les organisations paysannes du Nord-Kivu ont présenté sept grands défis spécifiques au domaine agricole dans cette province.

Les sept défis spécifiques au domaine agricole dans le Nord-Kivu

Premièrement, il y a la difficulté d’accès aux intrants agricoles de bonne qualité, surtout les semences améliorées qui viennent soit de l’extérieur du pays (pomme de terre, maïs, etc.), ou de la province de la Tshopo (riz et autres cultures).

Deuxièmement, le stockage et la transformation posent encore un problème pour les produits agricoles. Ce, à cause de l’insuffisance ou absence des dépôts dans certains milieux. Ce qui a un impact négatif sur les prix des produits des paysans. Le peu de dépôts qui existent connaissent des problèmes de gestion à cause des tracasseries. Ceux construits par des projets comme PASA-NK souffrent de la problématique de l’appropriation des ouvrages à la clôture des projets.

En troisième lieu, il y a la difficulté d’évacuation des produits agricoles locaux vers les grands centres de consommation. Cette difficulté est liée soit à l’état des routes de desserte agricole dans un état de délabrement avancé, soit à la rareté des moyens de transport adapté.

Le quatrième défi spécifique au domaine agricole dans la province du Nord-Kivu c’est l’accès au marché. La commercialisation des produits agricoles locaux n’est pas encore bien organisée dans certains milieux. Par conséquent, c’est l’acheteur qui impose le prix des produits. Il existe aussi des petits marchés irréguliers et incontrôlés qui sont presque saisonniers. Et il y a un corollaire qui est la non uniformisation des unités de mesure dans la vente des produits agricoles.

Un autre défi important c’est l’accès à la terre arable qui demeure un casse-tête dans la province du Nord-Kivu. La terre étant devenu un fonds de commerce, il est difficile pour les exploitants agricoles d’entreprendre des projets sur des terres dont ils n’ont pas une certaine sécurité. Le processus entamé dans le cadre des concertations avec les concessionnaires se présente comme une opportunité pour permettre d’acquérir des terres à location, mais non comme propriétaire terrien. Le prix de cette location n’est pas adapté au pouvoir d’achat du petit producteur agricole de la province.

Les tracasseries dans la fiscalité constituent également un énorme défi spécifique au domaine agricole au Nord-Kivu. Ces tracasseries ont deux aspects : la multiplicité des taxes et perceptions illicites et le taux élevé des taxes et impôts. L’exonération de la taxation sur les intrants et produits agricoles est un acquis juridique, il faut donc plaider pour son effectivité. Une enquête de la Société civile révèle que les acteurs agricoles s’affrontent à au-moins 25 services dans le cadre de la fiscalité et de la parafiscalité. Pourtant, le Gouvernement peut alléger ce poids fiscal en un guichet unique, et en annulant les perceptions illégales qui n’ont pas de soubassement juridique.

Encore un défi majeur, c’est le financement agricole. Dans l’agriculture, on n’est pas d’avance sûr de la production. Ce qui complique l’accès au crédit agricole et les relations avec les institutions de financement du secteur agricole congolais. Les agriculteurs organisés peuvent être accompagnés grâce à un plaidoyer pour l’accès à un crédit agricole ou par la promotion de l’effectivité du FONADA (Fonds national de développement agricole).

D’autres situations impactant l’agriculture

A tous ces défis s’ajoutent certaines situations pourtant non négligeables qui impactent aussi négativement aux activités agricoles dans la province du Nord-Kivu. Parmi lesquelles, il y a perturbation climatique ; la difficulté d’accès à l’énergie renouvelable ; absence de l’énergie électrique pour promouvoir les industries agro-alimentaires ; la marginalisation des jeunes et des femmes dans certains secteurs de la vie, du fait des coutumes et de manque de politique genre dans le pays.

Mais aussi, la destruction des plantes par les bêtes en divagation et le vol des récoltes aux champs ; et le désordre dans les actions sur terrain avec les interventions des Ongs internationales.

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