Dans une note de plaidoyer déposée au Gouvernement de la République au début du mois de mars dernier, les organisations paysannes de la province du Nord-Kivu ont dénoncé l’insécurité grandissante dans cette région, dont les producteurs agricoles en sont les premières victimes. Mais aussi et surtout, ces organisations ont présenté sept grands défis spécifiques au domaine agricole qui s’ajoutent à l’insécurité dans leur province.
Lesquels obstruent une agriculture promue en faveur des exploitants agricoles, malgré les efforts fournis par différents acteurs dans le secteur. Face à ces défis, les organisations paysannes ont fait quelques propositions de solutions.
Des défis et leurs solutions
Concernant la difficulté d’accès aux intrants agricole de qualité (défi 1), elles suggèrent la réhabilitation des institutions d’appui au secteur agricole (cas de CAPSA, INERA, etc.) dans la province du Nord-Kivu. Pour le stockage et la transformation (défis 2), elles proposent la promotion des unités de transformation et conservation en milieu rural pour rentabiliser certains entrepôts déjà construits par le projet PASA-NK et d’autres projets dans la province.
Quant à la difficulté d’évacuation des produits vers les centres de consommation (défi 3), ces organisations suggèrent la réhabilitation des routes de desserte agricole, en y affectant des attributaires routiers sérieux et consciencieux. Mais aussi, l’appui des coopératives agricoles par des véhicules de transport pour l’évacuation des produits agricoles vers les grands centres de consommation.
Pour l’accès au marché (défi 4), elles proposent la réglementation et l’organisation du marché des produits agricoles par une loi dans le cadre de la standardisation des unités de mesure des produits agricoles. Le service de l’économie doit instaurer l’utilisation des unités de mesure standard et mettre en place une structure des prix pour un marché équitable.
Par rapport à l’accès à la terre arable (défi 5), les organisations paysannes du Nord-Kivu suggèrent l’accélération du processus de réforme foncière et agraire qui a plus que trop duré. Mais aussi, l’appui au FIAT qui permettrait le rachat des terres accaparées par les grands concessionnaires.
En ce qui est des tracasseries dans la fiscalité (défi 6), ces organisations proposent au Gouvernement d’alléger le poids des taxes, surtout pour les coopératives et entreprises naissantes qui n’ont pas encore dépassé leur seuil de rentabilité ; de réduire et simplifier le nombre de taxes ; d’installer un guichet unique pour éviter la perte de temps ; d’obliger systématiquement tout paiement de taxes en passant par la banque ; mettre à la loi à la disposition des opérateurs agricoles.
Mais aussi, rendre disponible les nomenclatures aux acteurs pour permettre de les faire connaître à tous ou rendre disponible une liste de taxes que les organisations paysannes et coopératives agricoles sont censées de payer dans le domaine de l’agriculture. Ce, afin d’éviter les taxes illicites par un arrêté provincial et l’exonération de certaines taxes pour promouvoir l’entrepreneuriat paysan, cas de l’assouplissement de l’importation des intrants.
D’autres propositions sont de démontrer la contrepartie des taxes aux contribuables ; de mettre fin à toute forme de perception illégale et aux impunités des fraudeurs de tout bord ; et de concevoir des textes règlementant les coopératives y compris la nomenclature relative aux coopératives agricoles.
Concernant le financement agricole (défi 7), les organisations suggèrent au Gouvernement de faciliter l’accès aux crédits agricoles en rendant effectif le FONADA tel que prévu par la loi. Et, appuyer les institutions et initiatives locales existantes tel que CECAFEP, AVEC, etc.
Des recommandations au Gouvernement
Les organisations paysannes du Nord-Kivu demandent donc au gouvernement congolais de faire de l’agriculture sa priorité pour relever ces différents défis, chaque ministère en ce qui le concerne, afin de permettre aux petits producteurs agricoles de bien nourrir les Congolais. Elles demandent au Premier ministre de pouvoir créer un espace qui permettra aux organisations paysannes d’organiser un échange avec les différents Ministères en incidence agricole afin de proposer des stratégies qui permettront d’assainir le secteur, surtout que la RDC est un pays à vocation agricole.
« Si le secteur agricole congolais est bien géré, la RDC peut nourrir le monde. Il est possible que l’économie congolaise repose dans sa grande partie, sur le secteur de l’agriculture ». Telle est la conclusion des organisations paysannes du Nord-Kivu dans leur note de plaidoyer.
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